L'Enfer Basque, épisode III : les 6 guerriers
Jour 1 : Combo les Bains – col de Lizzarietta - Combo (105 km)
Au début, les 6 Guerriers font les fiers...
Pour ce troisième épisode, je suis avec 5 autres guerriers tentés par le Grand Frisson : Yannick, Benoît, Anthony, Mathew et Gwen.
Nous sommes partis ce matin à 6h00 après une nuit assez agitée pour 3 d’entre nous au sein de la nouvelle maison de Yan et Clarisse. J’ai même quitté la place pour une nuit à la belle étoile dans le salon de jardin. Bref, 2 heures plus tard nous étions à Combo pour récupérer les vélos loués par Anthony, Benoît et Yan dans un shop sur place : « Basko vélos ». Gwen, lui, a récupéré mon Moustache électrique ; Mathew et moi avions amené nos vélos.
Après un long et bon petit déjeuner au centre de Combo, nous décollons. Il est 11h30 quand même.
La première demi-heure fut un peu pénible, beaucoup de bagnoles sur la route d’Espelette. C’est au moment de prendre la direction Sare que tout est devenu d’un coup plus tranquille, et ce jusqu’à Bera. Nous avons passé la frontière sans nous en apercevoir, un panneau « Navarre » nous indiquant à un moment le côté espagnol du Pays Basque. Petit coup de flip à la sortie du village avec un presque-gadin en cascade avec en guest stars Anthony (gadin n°1), Gwen et Benoît, au bord d’une grosse nationale. Nationale que l’on a cru un moment devoir emprunter...mais bonne surprise, nous avons rapidement suivi un petit chemin parallèle autrement plus bucolique.
A Etchalar, nous sommes tombés en plein coeur d’une fête de village, avec banda et marionnettes géantes. Ambiance sympathique. C’est après la sortie du bled que l’ascension vers le col de Lizzarietta a été grandiose, sur une petite route bucolique et ombragée. Au sommet, 2 bars restaurants, des départs de sentiers de randonnée, et un spot de comptage d’oiseaux. On se repose et on mange avant de descendre vers Zugarramurdi. On commence alors à se poser la question de l’ascension du Mont Artzamendi, face à nous, car il est déjà plus de 15h00. C’est à Dantxarinéa que finalement nous décidons de décaler ce challenge à lundi matin, suite à une longue discussion entre nous et une mamy, gérante d’un petit camping caché derrière la route. On a finalement papoté avec elle autour d’une bière locale, avant de filer sur Combo.
Nous nous sommes là bas séparés en 2 : Benoit et Anthony ont repris la voiture direct pour St Jean, pendant que les 4 autres ont repris la même route à vélo. Cette dernière partie de journée a été interminable et pénible à cause du trafic. Pendant la fringale de Yannick (vive les bananes!), notre Sauveur Benoît est venu à notre rencontre pour nous éviter encore de pédaler sur les 3 derniers kilomètres. Pas mécontents d’arriver après plus de cent bornes... Le repas nous attendait au gîte, à 20 heures pétantes, attention ça rigole pas avec Patricia !
Repas convivial, bon vin et discussions animées notamment entre Mathew et un « confrère » australien. Balade digestive le long de la Nive et retour au dortoir. Quelle chance ce soir, Yannick et moi sommes cernés par deux ronfleurs fous, je vais encore passer une nuit de merde ; j’en rigole au final en repensant à ma nuit précédente. Au secours !
de banane
Passage en Espagne, Viva Espana ! Ah non merde c'est l'Euskadi ici...
La route vers le col Lizzarietta : juste géniale
La bière se descend plus facilement que se monte l'Artzamendi. Assurément...
Passage de la douane, rien à déclarer
Retour vers Saint Jean, pas top
La fameuse fringale de Yannick. Ici gisent des peaux
Jour 2 : St Jean – col d’Arthaburu – col d’Iraty – col de Sensibilé – Mendive – St Jean (85 km)
Encore une nuit pourrie donc, sans parler des premiers pélerins sur le pied de guerre dès 5 heures. Le petit déjeuner est servie jusqu’à 7h30 pétantes (ça rigole pas avec Patoche!), bref on a tous un peu la tête dans le cul ce matin. On avait pourtant intérêt à être rapidement opérationnel, car le programme de la journée est effrayant, avec pour débuter la montée vers le col d'Arhaburu (avec cols intérmédiaires d'Arthé et Askéta) depuis Esterencecuby.
Départ tranquille vers St Michel à 9h00, où nous avons convaincu le patron du seul resto du village de nous préparer à la hâte des sandwiches avec ses restes de baguette. Pendant qu’il s’affairait, nous rencontrons une petite dame bien gentille et gentiment illuminée, en plein trip à se balader sans destination précise…
C’est avant d’arriver à Esterencebuy que d’un coup le vent s’est réveillé, crachant sur nous un souffle particulièrement chaud, venu probablement de l’Enfer, annonçant les terribles épreuves physiques à venir...L’atmosphère était bien étrange en effet, dans un silence malsain, comme si tous les éléments nous imploraient de ne pas poursuivre notre route…
A la sortie du village, j’ai vite reconnu la petite route qui part à gauche (cf. Enfer Basque Episode 1), imposant d’entrée de jeu sur 6 bornes des pentes oscillant entre 10 et 15 %. Passé l’Abreuvoir de la Mort (cf. Enfer Basque Ep. 1), j’étais en terrain inconnu. Le paysage se faisait plus aride, plus sec, plus hostile au dessus des 1 000 mètres. Mais le pire, c’était le vent : terrible, de face ou latéral, coupant notre élan, brisant nos efforts...Je ne voulais pas lâcher, pas encore bordel de merde, pas encore à cet endroit maudit ! Avec Mathew, on s’est motivé pour affronter ce zef diabolique, en piétinant au passage, même pas peur, ce smiley dessiné par terre, avec ce « 20 % » écrit dessous.
Nous avons ensuite longé une crête dans un cadre assez vertigineux, puis trouvé un petit moment d’accalmie sur un plat qui menait jusqu’au col d’Artaburu et l’intersection Iraty – col d’Errozate.
C’est l’heure du point d’étape : Gwen, à cours de batterie, décide de faire demi-tour ; nous décidons de ne pas poursuivre l’itinéraire initial qui longe la frontière (ne connaissant pas la nature du relief), pour plonger directement vers les Chalets d’Iraty...Enfin plonger est un bien grand mot, car même si la route s’est avérée moins extrême, on a alterné montées-descentes sur une dizaine de kilomètres. Au bord de la route, sur un spot paradisiaque digne de la Comté (petites fleurs, pelouse bien verte, petit ruisseau), nous avons enfin pique niqué. Cette pause nous a requinqué, et nous sommes maintenant prêts à escalader le mythique col Sensibilé (cité par certains comme l’un des plus costauds du territoire). Enfin, c'est ce que je croyais mais ma proposition ne fait pas l’unanimité, et Yannick commence à râler. Bon ok nous déciderons une fois arrivés en bas, au plateau d'Iraty-Cize. Une nouvelle discussion animée est lancée.... Tant bien que mal, je convainc Yannick, Benoît et Anthony de tenter au moins le début de l’ascension (nous ne sommes qu’à moins de 10 kilomètres et il n’est que 15h00). Mathew lui est au taquet.
Hi ha, c’est parti on part à droite, route indiquée par Maps (sommet à 7,5 km). 3 bornes plus tard, demi-tour, la route se transforme en sentier impraticable pour nos biclous. C’est con. On se lance donc sur l’itinéraire voiture, un peu plus long (9 km). C’est la route qui mène au Chalet d’Iraty, je la connais bien (une fois il y a 4 ans sous le soleil avec Nico, une fois avec Yannick il y a 2 ans dans le brouillard). Par contre arrivé au sommet, il y a cette petite vicinale, presque cachée, qui part derrière le bâtiment de l’office de tourisme et qui m’avait jusque là échappée : l’accès vers le col de Sensibilé ! Nous ne serons que 4 à le gravir car Anthony a lâché dans la première montée. Le paysage a changé radicalement, passant de la forêt à un versant aride, nu, minéral. Le panorama est à couper le soufle. Yannick lui a retrouvé des ailes (je le savais, il ronchonne toujours pour rien…), et il s’envole au sommet en solo ; on ne l’arrête plus d’ailleurs, ouh ouh reviens Yannick il faut rebrousser chemin maintenant… ! Bah, le Sensibilé n’est pas si terrible que ça, ce n’est rien à côté de ce matin.
Dernière partie de journée : un dernier chouia de col de Burdincurucheta (sic !) avant une descente grandiose vers Mendive. Il y avait là un match de pala et une fête de village. Mathew, Yan et moi avons opté pour une petite bière, tandis que Benoît rejoignait St Jean en solo. Nous avons terminé l’étape avec du Van Buren et du Pearl Jam sur la trousse, c’était ma foi bien sympathique…
Repas au gîte, cette fois nous sommes à table avec 5 Français et 3 Italiens, dont l’un était un papy parti de Gênes, à destination de St Jacques de Compostelle. Respect. Balade digestive à la Citadelle. Retour au dortoir, et une fois n’est pas coutume, nous avons été emmerdé par un certain « Félix », drôle d’énergumène qui s'est tortillé dans tous les sens, jouant des coudes avec son sac de couchage, se retournant sans cesse sur lui-même, malmenant son matelas, provoquant un brouhaha incessant. Sans parler de son téléphone avec lequel il multipliait les selfies (sic). Nuit de merde, numéro 3.
Un vent chaud et malsain se lève...
Le Vent-qui-rend-fou, atroce dans la montée...Evidemment en photo, tout à l'air si tranquille, zen et paisible...
Point d'étape au sommet d'Arthaburu
Petit coin paradisiaque avant de descendre sur le plateau d'Iraty
Bubba aussi avait besoin de se reposer au milieu des jolies petites fleurs
C'est parti pour l'ascension du Sensibilé, après avoir rejoint les Chalets d'Iraty depuis le Plateau Iraty-Cize
Col pentu, mais col vaincu ! Pas peu fiers
Madame, y a écrit quoi sur ton affiche ?
Jour 3 : Saint Jean Pied de Port – Col de Mounhoa – Saint Jean (35 km)
Dernier jour de notre périple. Ce matin, au petit déjeuner il a été décidé à l’unanimité de ne pas se risquer à affronter la colère de l’Artzamendi ; nous opterons pour une boucle plus tranquille depuis St Jean qui nous fera passer par le Mont Mounhoa. La vue y est paraît-il magnifique…
A notre table ce matin, les 2 Italiennes sympathiques et notre papy à vélo.
Nous partons à 9h00 à la fraîche direction Saint Etienne de Baïgorry. Les lumières sont belles en ce début de matinée automnal, le soleil éclaire la vallée des Aldudes devant nous et les montagnes qui les entourent.
C’est juste avant St Etienne que les choses sérieuses ont commencé. Quatre kilomètres de « mur » sur une petite route de campagne, un programme alléchant qui nous a été annoncé par un agriculteur du coin, dont le chien-chien, bien gentil au demeurant, a manqué de nous faire tomber, Yannick et moi, une dizaine de fois, en se mettant en travers de notre route. Il a fallu que son maître revienne le récupérer en camion pour avoir la paix.
Passée cette anecdote, la route a continué de manière moins brutale, et on a davantage pu profiter du panorama tout autour de nous, et du passage des brebis.
C’est à trois kilomètres du sommet que j’ai commis la boulette qui nous a fait bifurqué sur une route à droite qui ne menait nulle part, se réduisant à un sale revêtement entre herbe et caillasse (eh oui toujours l’option Vélo de Maps). Sur cette portion merdique, Anthony s’est cassé la gueule (n°3), et Yannick a perdu ses freins. On a bien tenté de resserrer la gaine, mais ses 2 freins étaient définitivement HS. Nous avons atteint le sommet par la route classique, au milieu des pottioks et brebis, puis contourné la montagne pour surplomber toute la vallée. Ça en valait la peine, même si on en a bien chié dans cette première partie aux pourcentages sévèrement burnés.
La descente a été délicate, la route étroite. Impossible pour Yannick de pédaler donc il l’a joué d’abord en mode : je cours avec mon vélo, avant qu’une gentille madame en voiture utilitaire, que nous avons interpellé, a bien voulu amener Yan et son vélo jusqu’à Saint Jean. Mathew et moi avons terminé l’étape tous les deux pour rejoindre le reste de la bande déjà arrivé au gîte…
Il est 12h30, il est temps de rentrer à Bordeaux. C'est avec un peu de tristesse que nous laissons derrrière nous ces centaines de cols encore non gravis...
Petits cols de tafiottes au passage...
THAT’S ALL FOLKS !