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L'Enfer Basque

28 septembre 2019

L'Enfer Basque, épisode III : les 6 guerriers

  Jour 1 : Combo les Bains – col de Lizzarietta - Combo (105 km)

combo espagne

IMG-20190928-WA0017Au début, les 6 Guerriers font les fiers...

Pour ce troisième épisode, je suis avec 5 autres guerriers tentés par le Grand Frisson : Yannick, Benoît, Anthony, Mathew et Gwen.

Nous sommes partis ce matin à 6h00 après une nuit assez agitée pour 3 d’entre nous au sein de la nouvelle maison de Yan et Clarisse. J’ai même quitté la place pour une nuit à la belle étoile dans le salon de jardin. Bref, 2 heures plus tard nous étions à Combo pour récupérer les vélos loués par Anthony, Benoît et Yan dans un shop sur place : « Basko vélos ». Gwen, lui, a récupéré mon Moustache électrique ; Mathew et moi avions amené nos vélos.

Après un long et bon petit déjeuner au centre de Combo, nous décollons. Il est 11h30 quand même.

La première demi-heure fut un peu pénible, beaucoup de bagnoles sur la route d’Espelette. C’est au moment de prendre la direction Sare que tout est devenu d’un coup plus tranquille, et ce jusqu’à Bera. Nous avons passé la frontière sans nous en apercevoir, un panneau « Navarre » nous indiquant à un moment le côté espagnol du Pays Basque. Petit coup de flip à la sortie du village avec un presque-gadin en cascade avec en guest stars Anthony (gadin n°1), Gwen et Benoît, au bord d’une grosse nationale. Nationale que l’on a cru un moment devoir emprunter...mais bonne surprise, nous avons rapidement suivi un petit chemin parallèle autrement plus bucolique.

A Etchalar, nous sommes tombés en plein coeur d’une fête de village, avec banda et marionnettes géantes. Ambiance sympathique. C’est après la sortie du bled que l’ascension vers le col de Lizzarietta a été grandiose, sur une petite route bucolique et ombragée. Au sommet, 2 bars restaurants, des départs de sentiers de randonnée, et un spot de comptage d’oiseaux. On se repose et on mange avant de descendre vers Zugarramurdi. On commence alors à se poser la question de l’ascension du Mont Artzamendi, face à nous, car il est déjà plus de 15h00. C’est à Dantxarinéa que finalement nous décidons de décaler ce challenge à lundi matin, suite à une longue discussion entre nous et une mamy, gérante d’un petit camping caché derrière la route. On a finalement papoté avec elle autour d’une bière locale, avant de filer sur Combo.

Nous nous sommes là bas séparés en 2 : Benoit et Anthony ont repris la voiture direct pour St Jean, pendant que les 4 autres ont repris la même route à vélo. Cette dernière partie de journée a été interminable  et pénible à cause du trafic. Pendant la fringale de Yannick (vive les bananes!), notre Sauveur Benoît est venu à notre rencontre pour nous éviter encore de pédaler sur les 3 derniers kilomètres. Pas mécontents d’arriver après plus de cent bornes... Le repas nous attendait au gîte, à 20 heures pétantes, attention ça rigole pas avec Patricia !

Repas convivial, bon vin et discussions animées notamment entre Mathew et un « confrère » australien. Balade digestive le long de la Nive et retour au dortoir. Quelle chance ce soir, Yannick et moi sommes cernés par deux ronfleurs fous, je vais encore passer une nuit de merde ; j’en rigole au final en repensant à ma nuit précédente. Au secours !

20190928_085959Basko vélo

de banane

IMG-20190928-WA0000Avant le départ

20190928_104800Sortie de Combo

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20190928_120510Route vers Bera

20190928_122247Passage en Espagne, Viva Espana ! Ah non merde c'est l'Euskadi ici...

20190928_132421La fête au village...

20190928_134112La route vers le col Lizzarietta : juste géniale

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IMG-20190928-WA0012

20190928_140105Au sommet

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20190928_153606Redescente dans la vallée

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20190928_163702La bière se descend plus facilement que se monte l'Artzamendi. Assurément...

20190928_165852Passage de la douane, rien à déclarer

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20190928_180115Retour vers Saint Jean, pas top

20190928_191250La fameuse fringale de Yannick. Ici gisent des peaux

 

 

Jour 2 : St Jean – col d’Arthaburu – col d’Iraty – col de Sensibilé Mendive – St Jean (85 km)

 sensibilé

Encore une nuit pourrie donc, sans parler des premiers pélerins sur le pied de guerre dès 5 heures. Le petit déjeuner est servie jusqu’à 7h30 pétantes (ça rigole pas avec Patoche!), bref on a tous un peu la tête dans le cul ce matin. On avait pourtant intérêt à être rapidement opérationnel, car le programme de la journée est effrayant, avec pour débuter la montée vers le col d'Arhaburu (avec cols intérmédiaires d'Arthé et Askéta) depuis Esterencecuby.

Départ tranquille vers St Michel à 9h00, où nous avons convaincu le patron du seul resto du village de nous préparer à la hâte des sandwiches avec ses restes de baguette. Pendant qu’il s’affairait, nous rencontrons une petite dame bien gentille et gentiment illuminée, en plein trip à se balader sans destination précise…

C’est avant d’arriver à Esterencebuy que d’un coup le vent s’est réveillé, crachant sur nous un souffle particulièrement chaud, venu probablement de l’Enfer, annonçant les terribles épreuves physiques à venir...L’atmosphère était bien étrange en effet, dans un silence malsain, comme si tous les éléments nous imploraient de ne pas poursuivre notre route…

A la sortie du village, j’ai vite reconnu la petite route qui part à gauche (cf. Enfer Basque Episode 1), imposant d’entrée de jeu sur 6 bornes des pentes oscillant entre 10 et 15 %. Passé l’Abreuvoir de la Mort (cf. Enfer Basque Ep. 1), j’étais en terrain inconnu. Le paysage se faisait plus aride, plus sec, plus hostile au dessus des 1 000 mètres. Mais le pire, c’était le vent : terrible, de face ou latéral, coupant notre élan, brisant nos efforts...Je ne voulais pas lâcher, pas encore bordel de merde, pas encore à cet endroit maudit ! Avec Mathew, on s’est motivé pour affronter ce zef diabolique, en piétinant au passage, même pas peur, ce smiley dessiné par terre, avec ce « 20 % » écrit dessous.

Nous avons ensuite longé une crête dans un cadre assez vertigineux, puis trouvé un petit moment d’accalmie sur un plat qui menait jusqu’au col d’Artaburu et l’intersection Iraty – col d’Errozate.

C’est l’heure du point d’étape : Gwen, à cours de batterie, décide de faire demi-tour ; nous décidons de ne pas poursuivre l’itinéraire initial qui longe la frontière (ne connaissant pas la nature du relief), pour plonger directement vers les Chalets d’Iraty...Enfin plonger est un bien grand mot, car même si la route s’est avérée moins extrême, on a alterné montées-descentes sur une dizaine de kilomètres. Au bord de la route, sur un spot paradisiaque digne de la Comté (petites fleurs, pelouse bien verte, petit ruisseau), nous avons enfin pique niqué. Cette pause nous a requinqué, et nous sommes maintenant prêts à escalader le mythique col Sensibilé (cité par certains comme l’un des plus costauds du territoire). Enfin, c'est ce que je croyais mais ma proposition ne fait pas l’unanimité, et Yannick commence à râler. Bon ok nous déciderons une fois arrivés en bas, au plateau d'Iraty-Cize. Une nouvelle discussion animée est lancée.... Tant bien que mal, je convainc Yannick, Benoît et Anthony de tenter au moins le début de l’ascension (nous ne sommes qu’à moins de 10 kilomètres et il n’est que 15h00). Mathew lui est au taquet.

Hi ha, c’est parti on part à droite, route indiquée par Maps (sommet à 7,5 km). 3 bornes plus tard, demi-tour, la route se transforme en sentier impraticable pour nos biclous. C’est con. On se lance donc sur l’itinéraire voiture, un peu plus long (9 km). C’est la route qui mène au Chalet d’Iraty, je la connais bien (une fois il y a 4 ans sous le soleil avec Nico, une fois avec Yannick il y a 2 ans dans le brouillard). Par contre arrivé au sommet, il y a cette petite vicinale, presque cachée, qui part derrière le bâtiment de l’office de tourisme et qui m’avait jusque là échappée : l’accès vers le col de Sensibilé ! Nous ne serons que 4 à le gravir car Anthony a lâché dans la première montée. Le paysage a changé radicalement, passant de la forêt à un versant aride, nu, minéral. Le panorama est à couper le soufle. Yannick lui a retrouvé des ailes (je le savais, il ronchonne toujours pour rien…), et il s’envole au sommet en solo ; on ne l’arrête plus d’ailleurs, ouh ouh reviens Yannick il faut rebrousser chemin maintenant… ! Bah, le Sensibilé n’est pas si terrible que ça, ce n’est rien à côté de ce matin.

Dernière partie de journée : un dernier chouia de col de Burdincurucheta (sic !) avant une descente grandiose vers Mendive. Il y avait là un match de pala et une fête de village. Mathew, Yan et moi avons opté pour une petite bière, tandis que Benoît rejoignait St Jean en solo. Nous avons terminé l’étape avec du Van Buren et du Pearl Jam sur la trousse, c’était ma foi bien sympathique…

Repas au gîte, cette fois nous sommes à table avec 5 Français et 3 Italiens, dont l’un était un papy parti de Gênes, à destination de St Jacques de Compostelle. Respect. Balade digestive à la Citadelle. Retour au dortoir, et une fois n’est pas coutume, nous avons été emmerdé par un certain « Félix », drôle d’énergumène qui s'est tortillé dans tous les sens, jouant des coudes avec son sac de couchage, se retournant sans cesse sur lui-même, malmenant son matelas, provoquant un brouhaha incessant. Sans parler de son téléphone avec lequel il multipliait les selfies (sic). Nuit de merde, numéro 3.

20190929_091357Jusque là tout va bien...

20190929_093959Un vent chaud et malsain se lève...

20190929_104535Le Vent-qui-rend-fou, atroce dans la montée...Evidemment en photo, tout à l'air si tranquille, zen et paisible...

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IMG-20190929-WA0012Même pas peur !

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20190929_120134Point d'étape au sommet d'Arthaburu

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20190929_132646Petit coin paradisiaque avant de descendre sur le plateau d'Iraty

20190929_133746Bubba aussi avait besoin de se reposer au milieu des jolies petites fleurs

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20190929_160215C'est parti pour l'ascension du Sensibilé, après avoir rejoint les Chalets d'Iraty depuis le Plateau Iraty-Cize

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IMG-20190929-WA0020Col pentu, mais col vaincu !  Pas peu fiers

20190929_182150Madame, y a écrit quoi sur ton affiche ?

IMG-20190929-WA0027Une soupe et au lit !

 

Jour 3 : Saint Jean Pied de Port – Col de Mounhoa – Saint Jean (35 km)

mont mounhoa

Dernier jour de notre périple. Ce matin, au petit déjeuner il a été décidé à l’unanimité de ne pas se risquer à affronter la colère de l’Artzamendi ; nous opterons pour une boucle plus tranquille depuis St Jean qui nous fera passer par le Mont Mounhoa. La vue y est paraît-il magnifique…

A notre table ce matin, les 2 Italiennes sympathiques et notre papy à vélo.

Nous partons à 9h00 à la fraîche direction Saint Etienne de Baïgorry. Les lumières sont belles en ce début de matinée automnal, le soleil éclaire la vallée des Aldudes devant nous et les montagnes qui les entourent.

C’est juste avant St Etienne que les choses sérieuses ont commencé. Quatre kilomètres de « mur » sur une petite route de campagne, un programme alléchant qui nous a été annoncé par un agriculteur du coin, dont le chien-chien, bien gentil au demeurant, a manqué de nous faire tomber, Yannick et moi, une dizaine de fois, en se mettant en travers de notre route. Il a fallu que son maître revienne le récupérer en camion pour avoir la paix.

Passée cette anecdote, la route a continué de manière moins brutale, et on a davantage pu profiter du panorama tout autour de nous, et du passage des brebis.

C’est à trois kilomètres du sommet que j’ai commis la boulette qui nous a fait bifurqué sur une route à droite qui ne menait nulle part, se réduisant à un sale revêtement entre herbe et caillasse (eh oui toujours l’option Vélo de Maps). Sur cette portion merdique, Anthony s’est cassé la gueule (n°3), et Yannick a perdu ses freins. On a bien tenté de resserrer la gaine, mais ses 2 freins étaient définitivement HS. Nous avons atteint le sommet par la route classique, au milieu des pottioks et brebis, puis contourné la montagne pour surplomber toute la vallée. Ça en valait la peine, même si on en a bien chié dans cette première partie aux pourcentages sévèrement burnés.

La descente a été délicate, la route étroite. Impossible pour Yannick de pédaler donc il l’a joué d’abord en mode : je cours avec mon vélo, avant qu’une gentille madame en voiture utilitaire, que nous avons interpellé, a bien voulu amener Yan et son vélo jusqu’à Saint Jean. Mathew et moi avons terminé l’étape tous les deux pour rejoindre le reste de la bande déjà arrivé au gîte…

 Il est 12h30, il est temps de rentrer à Bordeaux. C'est avec un peu de tristesse que nous laissons derrrière nous ces centaines de cols encore non gravis...

 

20190930_095150Fin du Mur

20190930_101559Vers le Mounhoa

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20190930_103205Petits cols de tafiottes au passage...

20190930_110200Début des emmerdes

20190930_113919Au sommet, magnifique !

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THAT’S ALL FOLKS !

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19 juillet 2019

L'Enfer Basque, épisode II : les Monts diaboliques

Cambo les Bains - Col de Légarrarré - Mont Arztamendi – Mont Baïgura - Combo : 85 km

combo

combo profil

Comme pour l’autre jour, je n’ai pour base que le kilométrage du parcours et le nom des cols ou monts à gravir. Je n’ai par contre aucune idée de leur pourcentage et de leur longueur, on verra ça « in situ ».

Cette fois-ci, j’ai choisi l’une des 2 boucles qui part de Cambo-les-Bains (cf. carte) car elle est à moins de 2 heures de Mérignac ; pour l’aller-retour dans la journée c’est jouable.

Ce matin donc lever à 06h30. J’arrive sur place à 8h45 et j’entame mon petit rituel qui n’est autre finalement que le meilleur moment de la journée : acheter mon pain au raisin et mon pain au chocolat à la boulangerie, m’asseoir à la terrasse du bar adjacent et boire tranquilou mon café allongé, en pensant à mon parcours du jour.

Le temps est légèrement couvert mais c’est en train de se dégager, la journée va être idéale pour rouler. Sur ma tête, j’ajuste Bubba et mon casque.

Jusqu’à Espelette je roule sur une départementale merdique, y a de la bagnole… J’oublie vite ces 15 premiers kilomètres de plat qui n’ont d’intérêt que pour s’échauffer les gambettes. Vint alors mon premier plantage : au lieu de suivre plein sud vers le col de Légarré, j’ai bifurqué à gauche et me suis rendu directement à Itxsassou. Damn ! Mon deuxième ratage arriva dans la foulée quand j’ai naïvement cru que l’option vélo de Google Maps convenait aux vélos de route. C’est 2 kilomètres après le village que je me suis retrouvé nez à nez avec une route (certes bucolique, dans un sous-bois feuillu avec des maisons de hobbits tout autour) mais qui s’est subitement transformée en chemin rocailleux impraticable. Re-damn ! Demi-tour, je rentre à nouveau dans Itxassou pour reprendre mon parcours en sens inverse. Vint une troisième initiative malheureuse, à cause encore à Google Maps, quand je me suis engagé sur la route de gauche après quelques hectomètres (« la route de la dé-confiture » - cf. photo) : ce n’est toujours pas la bonne route, et je me farcis au passage une côte gratuite !

Une fois sur les bons rails (option « vélo » désactivée et « voiture » activée de Maps), je m’engage sur une vicinale étroite et ombragée qui s’enfonce littéralement entre 2 vallées. Cela commence à monter, les choses sérieuses commencent… Le col de Légarré n’étant pas indiqué explicitement, il est difficile de s’en apercevoir puisque de toute façon ça monte tout le temps, bordel…

A la sortie d’un virage, le paysage se dégage pour laisser un imposant mont : le mont Artzamendi ! Je jette un coup d’œil horrifié à la route qui mène au sommet, et n’ose me projeter sur le pourcentage de certaines portions de peur de faire une crise cardiaque ! Je vais assurer un bon 4 à 5 km/heure de moyenne, me rendant compte qu’au-dessous du 4, c’est assurément pied à terre.

Je le mettrai finalement, à un kilomètre du sommet, juste avant  un lacet gauche qui présentait un vrai mur (rétrospectivement, en lisant les commentaires de certains, il se trouve que c’est précisément à cet endroit que l’on peut « apercevoir le Diable qui maintient ce tronçon à 20 % » !). Je me rassasie, récupère, tape une petite conversation avec un randonneur sur le cauchemar actuellement vécu, quand j’aperçois en bas un petit jeune en train lui aussi de gravir la Faucheuse. C’est un coureur de club (beau vélo, maillot de circonstance) il a l’air d’en chier, mais je sais déjà qu’il ne lâchera pas avant le sommet. Vite, vite, je me remets en selle et lui demande gentiment si je peux essayer d’accrocher sa roue. Il est ok.

Ça a duré 100 mètres en réalité, mais ce n’est pas grave il m’a donné le courage et l’énergie nécessaire pour : un, repartir ; deux, finir sans remettre pied à terre malgré les portions coupe-pattes qui ne manquent pas de se succéder…Je rejoins au sommet (avec sa "tour globe") le jeunot et son père (qui le suivait à moto). La vue est splendide avec d’un côté la suite de la chaîne pyrénéenne et de l’autre la côte et l’océan.

La descente du mont est rude pour sûr...Je dois faire demi-tour pour prendre la direction de Louhossoa. Les alentours sont magnifiques avec des petites routes ombragées, où ne passent pas deux bagnoles, sa petite rivière (La Mouline), et l’arrivée dans un improbable village. Je traverse le pont puis je longe la Nive, plus imposante. Puis un nouveau pont, plus important, quelques petites cotes de campagne, et j’arrive au bourg. Je cherche vainement un bar tout en appréciant le terrain de pala sur la place principale. L’hôtel restaurant "Le Trinquet" est ouvert, je me pose pour boire mon sirop de citron et engloutir mon sandwich.

25 minutes plus tard, je suis en route vers le deuxième gros morceau du jour : le mont Baïgara !  De quelle manière va-t-il me torturer celui-là ? La route principale qui mène à Louhossoa est étrangement plate, quand tout d’un coup se dresse à main droite une excroissance sortie de l’enfer : le mont Baïgara ! Je devine la route qui y mène (quoique, puisque pour la 4ème fois de la journée, je me suis engagé sur une fausse piste – merci à la madame qui remplissait sa piscine de m'avoir évité encore un détour malheureux).

Je lance la musique sur ma trousse histoire de me donner un coup de boost. Les parapentes remplissent le ciel, leur base de décollage est au sommet. Passé un centre d’animation pour les jeunes, je laisse la grande départementale pour prendre subitement une vicinale à droite, qui sans transition, annonce la couleur…J’ai néanmoins un doute sur le tracé car 300 mètres plus tard, une barrière bloque l’accès. Je retourne Maps dans tous les sens, non, non je ne me suis pas trompé...avant de m’apercevoir qu’il y a un accès sur le côté. J’entends une voix dans ma tête : « C’est la barrière des Enfers, ne la passe pas, tu vas mourir ».

C’est peu dire ! 4 kilomètres cruels et sataniques, en partie sur du revêtement merdique en « béton brossé », le vélo sursautant en permanence… Mais j’ai pas lâché (contrairement à la trousse, putain y a plus de musique !), réussissant à tenir le compteur au-dessus des 4 km/h. Les encouragements d’une famille m’ont permis de tenir jusqu’au bout (ben oui, je me disais qu’ils me regardaient alors il ne fallait pas les décevoir).

Le passage devant la piste de décollage des parapentes m’a soulagé je n’étais plus bien loin. 2 ou 3 lacets plus tard, la route se transformait en sentier, gardé par brebis et chevaux. Hi ha !

Au sommet, point de boule, mais des antennes ; la vue panoramique est aussi impressionnante qu’à Artzamendi. Il y a un petit train qui amène les touristes au sommet ; j’ai suivi le parcours de quelques vététistes en herbe qui en descendaient pour une balade  dans la montagne. Egalement déambulait un ultra-trailer.

La descente fut encore plus rude que précédemment : mes 2 freins étaient serrés à bloc, cela ne m’est pas arrivé souvent ! 

Alors oui le plus dur était derrière moi, néanmoins les 6 kilomètres qui me séparaient de Macaye (variante par rapport à l’itinéraire du site) ne furent pas une partie de plaisir. Déjà le soleil tapait fort, ensuite le relief ne me proposait qu’une succession de courtes descentes et de côtes assez vicieuses. C’est à la sortie du bled, à l’abord d’une des dernières côtes du parcours, que la fringale m’est tombée dessus par surprise. Je me suis donc jeté sur mon deuxième sandwich, plus 2 compotes, plus 2 barres de céréales...Un vététiste est passé devant moi à ce moment là. Incroyable : les 2 fois où je me suis arrêté, 2 vélos sortis de nulle part viennent m’enrhumer…

A nouveau d’aplomb, je termine le parcours tout schuss avec une belle vue sur Cambo en contrebas. Il est 19h00 quand même.

20190718_190434La bonne boulang du matin et sa café adjacent : à coup sûr le meilleur moment de la journée...

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20190718_101305Plantage : demi-tour

20190718_103540Re-plantage : re-demi-tour

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20190718_120713Artzamendi. Le lacet qui tue, avec une portion de pente est ici à 21% : fatidique !

20190718_122346Le sommet à quelques encablures

20190718_124602Sommet de l'Artzamendi

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20190718_144614Pause sandwich à Louhossoa

20190718_150206A l'attaque du mont Baïgura

20190718_171125Bad trip : le rêvetement devient subitement merdique...

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20190718_181625Fringale du soir, bonsoir...

20190718_183218Le vert du Pays Basque, unique...

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Sources, Témoignages, Altimétrie :

http://lesbaroudeursenvadrouille.wordpress.com/2014/01/03/lenfer-basque-episode-1-lartzamendi/

https://lesbaroudeursenvadrouille.wordpress.com/2015/05/07/lenfer-basque-episode-4-pico-gorramakil-mont-artzamendi-et-mont-baigura/

 Mont Artzamendi : https://www.cols-cyclisme.com/pyrenees-ouest/france/mont-artzamendi-depuis-laxia-c1696.htm

http://www.altimetrias.net/aspbk/verPerfilusu.asp?id=292

Mont Baïgura : https://www.cols-cyclisme.com/pyrenees-ouest/france/mont-baigura-depuis-d119-c2483.htm

 

 

5 juillet 2019

L'Enfer Basque, épisode I : le choc

Jour 1 : Saint Jean Pied de Port – Col d’Arnosteguy – Col d’Errozate – Saint Jean

Jour 2 : Saint Jean Pied de Port – Col des Palombières – Saint Jean

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st jean le vieux sensibilé

L’enfer basque, pour cette première, je l’ai vécu…

Je partis donc à 6h00 du matin ce vendredi pour Saint Jean Pied de Port. Arrivée à 8h30. Je me gare à l’entrée de la ville, encore endormie. Je prépare mon vélo, avec simplement sacoches à l’avant (bouffe principalement) et un petit sac à dos calé à l’arrière (fringues de rechange). Je prends un rapide petit déjeuner à un café, remplis mes gourdes, et en avant ! 

Je renvoie à la première partie du site pour les photos et les difficultés, et ce... jusqu’au col d’Errozate. Oui, car c’est avant d’y arriver, au niveau de que j’appelle « l’Abreuvoir de la Mort » que j’ai été contraint de faire demi-tour.

Tout avait donc bien commencé, le soleil était de la partie, et j’étais excité comme un gamin. Mais à peine sortie de Saint Jean, un méchant mur se dresse déjà face à moi...Le calvaire commence. Sur la montée vers le col d’Arnostéguy, j’ai dépassé de nombreux pèlerins avec leur sac à dos, ça donnait une ambiance particulière. Après avoir avalé quelques bornes, j’ai été surpris de « tomber » sur l’auberge où j’étais passé l’année dernière quand j’avais entrepris de monter la petite route à côté de notre gîte de Huart Cize. Cette route ne m’était donc pas inconnue ! 

Sur 20 kilomètres donc ça monte, et ça cause. La chaleur devient lourde et suffocante. Mais que dire des paysages, magiques, où je n’ai rencontré que brebis et chevaux...

J’ai commis une bourde au niveau du col d’Arnostéguy car au lieu de redescendre du côté d’Esterenceby (bâbord), j’ai continué la route vers le col de Orgambide (tribord). Grisé par les alentours, j’ai roulé quelques kilomètres sans me rendre compte de quoi que ce soit. Le choc est venu au moment où la route s’est brutalement arrêtée devant moi ! Un mur de montagnes vertes devant moi, la frontière espagnole, un GR qui s’élance, mais surtout près de 4 bornes à se taper en sens inverse, en faux plat plus que montant. L’horreur ! De retour au croisement, j’ai rencontré 3 cyclistes interloqués qui se sont demandé pourquoi j’avais eu l’idée de prendre cette route…No comment.


Bref, je suis ensuite redescendu de 10 kilomètres, jusqu’à un croisement à tête d’épingle avec quelques habitations. Là j’ai tenté de remplir mes gourdes auprès d’un ouvrier espagnol qui bossait dans une bâtisse en construction, mais jamais je n’ai trouvé le robinet extérieur dont il me parlait…

C’était là le début de la fin.

La montée fut horrible, écrasé par la chaleur, et à court d’eau. J’ai posé pied à terre une première fois, trouvant un petit coin d’ombre. Là j’ai interpellé un conducteur pour savoir si un point d’eau se trouvait non loin de là. A priori oui, un abreuvoir…avec pompe pour tirer l’eau. Je m’arme de courage et repars pour deux autres kilomètres ; j’aperçois l’abreuvoir, m’approche et découvre avec dépit qu’il n’y a qu’un bac avec de l’eau croupie. Je m’effondre sous l’arbre à côté, conscient que je ne pourrai pas continuer l’aventure plus loin…

Au bout d’un quart d’heure, je remonte sur ma selle et entame la descente vers Esterencuby sous un soleil de plomb. 

Au lieu-dit du croisement, je m’arrête dans une maison tenue par un couple de vieux pour leur supplier de l’eau. L’ombre d’une des façades se projetant par terre, je leur demande gentiment si je peux m’y reposer quelques minutes. J’y reste allongé une demi-heure, un repose perturbé par intermittence par l’un des affectueux chiens-chiens des propriétaires cherchant à me léchouiller le visage… 

A Esterencuby je stoppe à nouveau pour pique niquer, les pieds dans la Nive de Béhérobie. Ca fait du bien, bordel !

Il est près de 17h00 je termine en rejoignant Saint-Jean. Je me précipite dans une superette et y achète un Powerade citron et 1,5 litre de Icetea pêche que j’engloutis dans la foulée.

Au centre ville, une bonne centaine de jeunes basques déambulent avec leur tee-shirt de pèlerins. J’ai toujours aussi chaud. Je vais au Bureau des Pèlerins pour me renseigner sur la disponibilité d’un dortoir pour cette nuit. On m’envoie au refuge « La vie est belle » tenu par une italienne et un breton. Je passe une bonne soirée, repas collectif avec italiens, espagnol, américains, un coréen et trois français (dont un père et son fils en mode vtt). Comme je n’avais pas forcément prévu de rester sur place, je file rapidement dans un magasin de fringues pour m’acheter un calebute (soldé, 6,50 euros). J’apprécie surtout le seul moment de fraîcheur de la journée grâce à la clim qui marche à fond.

La nuit sera par contre compliquée, un ronfleur fou aura eu raison de moi, et je finirai dans le canapé du salon à l’étage en dessous.

Les premiers pèlerins se lèveront à 5 heures du matin, ce sera 06h30 me concernant. Une heure plus tard, je prends la direction de Saint-Jean-le-Vieux pour une nouvelle boucle. 45 kilomètres juste géniaux, à la fraîche, seul au monde, au milieu à nouveau de paysages magnifiques. Le premier col a été une partie de rigolade, celui des Palombières beaucoup plus violent mais seulement sur quelques hectomètres. Au loin j’aperçois effectivement de vraies palombières. L’accès au col est facile, j’ai apprécié notamment le passage dans un sous bois assez magique (je contredis ici ouvertement le terme « angoissant », évoqué par l’auteur du site L’enfer basque). 

La fin de la boucle n’a été qu’une descente tranquille jusqu’à St Jean le Vieux.

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20190704_122539Magnifiques paysages aux abords du col d'Arnoséguy

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Capture 2Explications du gros loupé après le col d'Arnostéguy

CaptureLe cul-de-sac au bout du chemin. C'est ballot.

20190704_153356Chien-chien, lâche ma main...

20190704_162702Pique nique bucolique et rafraîchissant sur les bords de Nive

20190705_063423Le gîte d'étape

20190705_074557Le lendemain matin, à la fraîche

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20190705_091354Au pied du col des Palombières

20190705_094114Un petit sous-bois bien sympathique

Sources : 

https://www.cols-cyclisme.com/pyrenees-ouest/france/col-d-arnosteguy-depuis-saint-jean-pied-de-port-c2141.htm

http://lesbaroudeursenvadrouille.wordpress.com/2014/04/30/lenfer-basque-episode-2-les-cols-darnosteguy-et-derrozate/

https://www.cols-cyclisme.com/pyrenees-ouest/france/errozate-depuis-esterencuby-c1709.htm

3 juillet 2019

Prélude

L’Enfer Basque…Quel programme excitant !

La découverte récente de ce site : https://lesbaroudeursenvadrouille.wordpress.com/category/les-episodes/ (merci à l’auteur *) m’a donné de nouvelles idées de montées de cols, près de chez moi. En effet, depuis le week-end pyrénéen de l’année dernière, je considérais avoir effectué tous les principales difficultés de la Chaîne.

Erreur : c’était sans me douter que ces cols ne représentaient que la surface immergée (si l’on peut dire) d’une série beaucoup plus vaste de sommets infernaux à grimper !

J’ai donc parcouru « en travers » les 7 épisodes ce site nommé « L’enfer basque » en me donnant pour mission de mettre mes coups de pédales dans celles de son auteur. 

Après plusieurs mois de frustration (l’hiver, accès fermés, sans parler des contraintes boulot, famille, etc.), j’ai calé enfin un jour et demi pour attaquer 2 parcours : la boucle Saint Jean Pied de Port avec col d’Arnosteguy puis la boucle Saint Jean le Vieux avec col des Palombières (cf. cartes et dénivelés).

*J’indiquerai en bas de page les liens de ces parcours car ils sont très complets, notamment au niveau iconographique. Le texte est aussi très détaillé, précisant l’altimétrie et les pourcentages des grosses difficultés. De mon côté, j’apporte ici mon ressenti de la journée sachant que je n’ai pris connaissance des textes susmentionnés qu’une fois ces boucles achevées.

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